Michel Pilorgé dans "Les Tentations électives" de Benjamin Oppert
La pièce de théâtre "Les
Tentations Electives"
est reprise au THEATRE DU FUNAMBULE MONTMARTRE - PARIS
18ème
Infos et réservations : 01 42 23 88 83 ou FNAC et
CARREFOUR
http://www.funambule-montmartre.com/theatre2.php?NUM=24
Michel
Pilorgé joue actuellement dans « Les Tentations Electives » la pièce de Benjamin Oppert, mise en scène par
Philippe Brigaud, assisté de Barbara
Bergonier.
Si nous avions bien commencé l’interview à propos de la pièce, l’homme de passion et de culture a pris le dessus et les digressions se sont joliment enchainées. Ainsi l’homme de théâtre, de cinéma et de télévision est-il un profond amoureux de l’art, qui nous prodiguera quelques conseils…
Michel Pilorgé, qui êtes-vous ?
Je voudrais d'abord, simplement dire que je suis président de l'union Catholique du Théâtre de la Musique et de la Danse. C'est une association créée dans les années 20 par Georges Le Roy qui avait pour mission de réconcilier les artistes avec l'Église . Maintenant notre préoccupation première est d'aider les plus démunis de nos camarades à ne pas sombrer. un travail de fraternité en somme. On demande aux riches, pour donner aux pauvres en quelque sorte. Il y a beaucoup à faire.
...rires...
Vous en êtes président depuis combien de temps ?
Trois ans.
Comment avez-vous vécu votre travail du personnage dans « Les tentations électives » ?
Ce que j'aime
c'est aller vite...foncer. Quand j'ai mémorisé le texte j'aimerais pouvoir le
jouer tout de suite , mes répétitions définitives, c'est quand je joue. Je
pense que c'est plus de la peur de ne pas parvenir au bout que quoique se soit
d'autre.
Benjamin en a
souffert d'ailleurs...rires...Il faut que je me heurte au public, que j'aille
vers lui. Ma vérité est là.
Quelqu'un à
dit de moi et c'est autant juste que gentil, que j'étais un moteur diesel.
C'est à dire qu'il faut que je chauffe d'abord, et ensuite ça va, je suis
inventif.
Je n'ai aucune confiance en moi au départ. « Je n'y arriverais jamais, c'est une erreur de m'avoir choisit »... Et quand je commence, à ce moment là, en général, j'espère que ça va durer, et puis je suis très heureux du travail fait par et avec Philippe Brigaud pour ces Tentations Electives qui j'espère va continuer à bien fonctionner pour la prochaine saison.
Quel est votre parcours professionnel ?
J'ai d'abord
été chez François Simon à Genève. Mes parents désespéraient
de voir qu'ils allaient avoir un fils comédien, alors que je faisais partie,
d'une famille disons bourgeoise, mon père était médecin, ma mère dentiste.
Désespérés
donc, ils m'ont collés chez ma tante qui avait été elle-même danseuse,
après avoir été la fille d'un colonel de gendarmerie
…rires...
Et donc je me
suis retrouvé entre Genève et Lausanne et j'ai trouvé comme cours François
Simon, le fils de Michel Simon : le Théâtre de Carouge. Une
découverte...un homme extraordinaire...un lieu théâtral .Il y avait cette
ambiance de l'amour des textes et du théâtre. C'était en 1964...J'avais été
rejeté même du service militaire, par des militaires qui ne voulaient pas
d'individus comme moi...rires...dixit le sergent recruteur.
Ensuite je lui
allé chez Jean-Laurent Cochet, sur les conseils éclairés de Jacques Dufilo qui
fut en quelque sorte mon parrain de théâtre grâce aux chevaux. C'est une
passion que j'ai longtemps pratiquée. Mon premier moniteur d'équitation
m'a envoyé vers Dufilo qui était lui-même un homme de cheval.
Et à partir de 67, j'ai fait de la télé. J'avais pris des cours pour devenir acteur avec des prétentions à entrer à la Comédie Française..enfin, j'aimais particulièrement les beaux textes ...
Bref, le fait
est que j'ai tout de suite été engagé pour faire des télés, des télés, des
télés...J'en ai compté à peu près 250, avec des rôles plus ou moins importants.
Plutôt moins que plus d'ailleurs, mais parfois aussi d' assez jolis rôles.
En 1996, Bertrand
Blier m'a appelé pour me dire : « J'ai un rôle pour toi dans 'Les
côtelettes', il faut que tu rencontres Bernard Murat ».
C'était d'ailleurs un rôle tout à fait secondaire mais rien n'est anecdotique
chez Blier.
A partir
du moment où je suis arrivé au théâtre de la Porte St-Martin, je me suis dit
:"Mais c'est ça le métier que je voulais faire ! ...rires...Ça fait trente
ans que je fais autre chose mais c'est bien ça que je voulais faire
:"Être comédien au théâtre!".
Depuis, j'ai
joué dans une vingtaine de pièces. J'enchaîne et j'aime ça… Quatre ans de
vie. Il y a eu des rôles dans un contexte important. D’abord j’ai joué
pendant deux ans la pièce de Bertrand Blier « Les cotelettes »avec Philippe
Noiret et Michel Bouquet. Ensuite, j’ai joué une saison avec Michel
Piccoli dans « La jalousie » de Sacha Guitry, mise en
scène par Bernard Murat.
Ah cette pièce
« Les cotelettes »… La tournée m’a fait vivre des moments magnifiques
en compagnie de Philippe Noiret et de Michel Bouquet. Ces deux hommes
particulièrements cultivés m’ont fait visiter bien des monuments prestigieux de
notre fier patrimoine.
A Grenoble,
avec Philippe Noiret nous avions visité le beau musée de Grenoble, et
rejoignant Michel Bouquet au diner, il nous demanda si nous avions vu la salle
des tableaux du peintre espagnol Francisco de Zurbaran. Nous l’avions
manqué !
Le lendemain,
Michel Bouquet nous a emmené dans cette salle gigantesque pour voir des toiles
de grandes ampleurs. Il nous a fait un cours sur ce peintre et ce fût
l’attraction du Musée, vous pouvez l’imaginer.
Philippe
Noiret est tout autant un amateur d’art : peintures, dessins et
sculptures. A Bruxelles, en nous balladant dans la vieille ville, son regard
s’est porté sur un objet dans une vitrine. Il s’est arrêté, l’œil fixe. Il
s’agissait de la sculpture d’un petit cheval de labour chez un antiquaire. Il
était en extase. Le prix était assez fort et Philippe Noiret n’avais pas assez
d’argent sur lui. C’est Michel Bouquet qui lui a prêté l’argent… « Je
vais encore me faire engueuler par Monique ! ».
Philippe
Noiret m’a véritablement mis sous perfusion artistique, je l’ai biberonné.
Depuis, je regarde l’art différement. Par exemple, le peintre Pierre
Soulages a fait les vitraux de l’Eglise Ste-Foix à Conques en gris foncé et
en gris clair mais c’est extrêmement beau, car cela correspond à la pureté du
roman primitif dont l’origine est justement à Conques.
Il faut
laisser tirer ses yeux vers les choses. J’ai cru rentrer dans un tableau de
cette façon. Il faut laisser son regard se laisser asprier. Il suffit de faire
confiance à son intuition et à sa culture. C’est Noiret qui m’a appris tout ça.
Je me suis mis à la peinture contemporaine, grâce à lui. J’ai appris énormément
durant ces deux années de tournée pour cette pièce de Bertrand Blier.
Puis, il y a
eu aussi la saison de « La jalousie » avec Michel Piccoli. Avec lui,
j’ai visité les lieux d’arts primitifs, ce qui lui correspond bien. Pas un
tableau ne le laisse indifférent. Pour un certain peintre, la folie submergeait
le conscient et l’homme peignait ses profondeurs. C’est lui qui m’a fait voir
ça. C’est un homme d’une grande pudeur de ses sentiments, ce qui le faisait
passer pour un homme peu agréable.
Et un jour
Cédric Grimois m'a proposé de venir jouer ici (au Théâtre du
Nord Ouest) dans Shakespeare. La proposition qu'il m'a faite, je ne pouvais pas
la refuser. C'était trop drôle et engagé , guerrier même vu le contexte : Ça a
été l'aventure de "La mégère apprivoisée" pas un soir j'ai pensé
m'être trompé.
C'est pas que
j'aime tellement les re-visites des grands textes mais j'ai trouvé que
l'adaptation de cette pièce la mettait plutôt en valeur. Cela faisait qu'on la
comprenait enfin, vraiment, dans sa vérité.
Ensuite il y a eu pas mal d'aventures... je suis là depuis deux ans et demi, où j'ai enchaîne au moins dix pièces.
On dit de vous que vous êtes le mentor de Gérard Depardieu, qu’est-ce que cela signifie ?
J’ai rencontré
Gérard Depardieu quand il était un pâle voyou. Je l’ai emmené de Châteauroux à Paris pour qu’il fasse du théâtre.
Récemment dans une émission de télévision, j’ai été interviewé sur ce sujet. J’ai parlé du mysticisme de Gérard, ce que personne ne connaît et ne connaitra, car c’est beaucoup trop gênant. Il a en lui cette expression aussi forte de la féminité et de la masculinité. Ainsi, a-t-il une grossièreté parfois inouïe et de l’autre coté une délicatesse et un mysticisme tout autant expressifs…
Fiche artistique de
Michel Pilorgé :
http://www.agencesartistiques.com/v2/template.cfm?id=220&file=result.cfm&action=all&id_Artiste=9856